Bénédictins au sens abnégation et désintéressement du terme… Car c'est assurément le sentiment éprouvé à la lecture des annonces de recrutement de correspondants locaux de presse (CLP) régulièrement diffusées par la PQR (Presse Quotidienne Régionale). En mal de main d'oeuvre, sans doute.
Qualités généralement prérequises : goût pour la rencontre, sens du contact et de l’information, rigueur et compétences d’écriture. Réactivité, disponibilité, maîtrise de la prise de vues et du dialecte appréciée...
Un profil exigeant donc, mais qui peut se concevoir au regard de la mission à remplir : couvrir (sans l'étouffer) l’actualité locale, pour rédiger des annonces et comptes rendus à paraître (sous contrôle, nàtirlig) dans les colonnes du journal recruteur.
Soit, mais avec quels outils ? -> un véhicule, un appareil photo et un ordinateur avec connexion internet… non fournis par le recruteur. Donc à la pleine charge du recruté qui se verra en retour chichement gratifié d'une "petite rétribution" (dédommagement ?) au lance-pierre prorata du travail fourni + remboursement des frais kilométriques. Et ce hors toute possibilité de contrat de travail, nul poste (emploi) n'étant à pourvoir.
Bref ce n'est pas vraiment le Pérou, et l'on imagine volontiers que les candidats ne se bousculent guère au portillon. D'où la fréquence insistante des annonces.
A fortiori au vu des tarifs pratiqués :
-> A titre d'exemple, une CLP oeuvrant auprès d'un quotidien en région Rhône Alpes déclarait en 2015 être payée au point à raison de 0,18 euros/point pour un texte, la plupart des articles variant de 30 points (5,40 €) à 50 points (9 €), voire 80 points (14,40 €) pour un "gros" papier d'un feuillet et 10 points (1,80 €) pour une photo. Le tout "complété" de 0,22 euros/km - seuls les déplacements hors commune de résidence étant défrayés. Score bingo : son plus gros mois a été de 250 euros en couvrant 2 communes. Byzance...
Bigre, dès lors et dans un tel contexte, qu'est-ce qui la pousse malgré tout à continuer ? -> « J'aime ça ! J'aime écrire, être lue, j'aime prendre des photos, le contact avec les gens et j'aime ma commune. Ce qui m'aide à tenir dans cette activité, ce sont les bonnes relations que j'entretiens avec les gens en local. Ça compense le reste ». Mais quel "reste" ! Un apostolat...
Cela dit et au-delà des motivations personnelles, toute peine méritant digne considération et juste rétribution, à quand la remise à plat de ce statut-galère ?
-> Quelques sources de réflexion :
- Les CLP, ces fantômes de la presse locale