Intolérance : une réponse ambiguë...

Acculés à réagir dans la foulée de l'appel républicain de Roland Ries, les présidents du Conseil Régional et des Conseils Généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont publié, dans les DNA, une tribune intitulée "Pour une réponse sans ambiguïté à l’intolérance".

Un texte tarabiscoté à vrai dire et qui, en terme de "chikaïa" politicienne locale, vaut son pesant de cacahuètes...
Face à la montée de l'intolérance, la réponse territoriale se révèle en effet proprement kaléidoscopique, voire en trompe-l'oeil, frisant la joute partisane :

- une réponse en forme de déni, tout d'abord : "Sans ambiguïté, ne pas se saisir de ces actes pour donner le sentiment qu’en Alsace il existerait un climat particulièrement délétère entre les différentes communautés et les différents cultes et que notre région laisse libre cours de manière permanente à un discours d’extrême droite."
---> On aimerait être rassurés sur ce point, mais la croissante et trop longue série d'actes de haine (notamment ad hominem) survenus à Strasbourg et environs depuis le début de l'année n'inciterait-elle point à subodorer le contraire ? Si ce n'est délétère voire extrémiste, qu'est-ce au juste ?

- une réponse au député Armand Jung, ensuite, qui déplorait récemment un "moindre zèle à traquer les profanateurs que les Roms" : "Sans ambiguïté, ne pas développer d’interprétation des faits qui vise en réalité à mettre en avant une posture critique de choix gouvernementaux et à sous-entendre que ces choix seraient de nature à créer un contexte propice à telles manifestations d’intolérance.
---> Exit le discours présidentiel de Grenoble, la loi sécuritaire fourre-tout Loppsi 2, la circulaire sur les Roms, les déclarations ministérielles populistes et autres saillies verbales allume-feu de certains politiciens va-t-en-guerre ! Tout cela ne serait que mirages et fantasmes de "droit-de-l'hommistes" égarés...

- une réponse à Roland Ries, enfin, qui appelle à former un front républicain : "La lutte contre le racisme et la xénophobie n’est pas une affaire de « coups » politiques ou médiatiques. L’évocation de la République ne se résume à un étendard qu’on brandit, à sa seule initiative, après une atteinte aux valeurs fondamentales."
---> A l'évidence pris de court, les élus territoriaux peinent à gérer et à digérer leur évident (et très remarqué) déficit réactif en début de semaine, dans un contexte pourtant hypersensible.

La suite de la tribune se dilue en un melting pot passablement touffu de références au dialogue interreligieux "favorisé en Alsace", à la diversité culturelle de l'Alsace rhénane, aux actions réalisées sur la Mémoire et dans le cadre du "Mois de l'Autre", aux (ré)actions passées, présentes et à venir de la classe politique, des associations, des responsables religieux etc. pour s'achever prosaïquement en un appel... aux citoyens, décidément fort démarchés en ces temps troublés !
Et assurément pas sortis de l'auberge, hors sursaut collectif (et préfectoral) au-delà du seul microcosme des états-majors socio-politiques et cultuels alsaciens...

L'intégralité du texte est accessible aux amateurs du genre sur le site du Conseil Régional (version PDF).

---> A lire sur le site LibéStrasbourg : Une déclaration commune interreligieuse contre les "provocations" à Strasbourg.
---> Publié sur la Feuille de Chou : Le Monde nationalise les actes néo-nazis commis en Alsace.

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