Ainsi donc l'Aquila heliaca surplombe à nouveau la colline de Mutzig. Non point quelque spécimen échappé de la Volerie des Aigles de Kintzheim, mais la fidèle reproduction de l'aigle impérial qui trôna jadis sur le monument dit "Namenstein" à l'entrée du "Feste Kaiser Wilhelm II", fortification militaire édifiée sous l'égide de Guillaume II. Et qui en disparut naguère avant d'y être récemment restauré, pierre par pierre, par les bénévoles franco-allemands des Amis du fort.
Et ce n'est pas tant l'inauguration en soi de ce monument qui en aura "troublé" d'aucuns, que son déroulement calendaire au coeur des cérémonies de commémoration du débarquement du 6 juin 1944, et par ailleurs de la tragédie d'Oradour-sur-Glane.
"Erreur de timing" pour certains, voire "faute de goût" pour d'autres. Sans parler de la symbolique idéologique et militaire de l'aigle-effigie, encore prégnante dans la mémoire collective et dans le souvenir des plus anciens. D'où l'expression d'un malaise diffus, incidemment capté en sourdine mais de manière suffisamment audible pour que S'Molshemer blog s'en fasse ici l'écho.
Car force est de constater, certaines confidences obligent, que la tonalité résolument oecuménique, à vocation réconciliatrice, de cette manifestation sous les couleurs de l'Europe, n'aura pas suffi à cicatriser définitivement certaines blessures, si tant est que cela soit possible. A fortiori dans le sillage des récentes élections européennes, dont les résultats que l'on sait laissent un goût de cendres national-populiste des plus nauséabonds… Notamment dans la vallée de la Bruche, à l'ombre du Struthof et à quelques encablures du Mémorial de l'Alsace-Moselle…
Bref, au-delà de ces tristes remugles électoraux et de la cérémonie mutzigeoise évoquée, il ne servirait à rien de l'occulter : tout n'est à l'évidence pas encore "apaisé", loin de là. Une question de temps, sans doute, et de génération(s). D'éducation patiente aussi, en direction des plus jeunes.