Le projet de Conseil d'Alsace (plus exactement dénommé Collectivité territoriale unique), soumis à référendum début avril, n'a pas fini de faire couler (à flots) l'encre de nos encriers, qu'elle soit rouge, verte, bleue, diaphane ou autre, avec ou sans pâtés...
Outre l'argumentaire du "oui", massivement déballé par nos élus à l'occasion des "voeux 2013", sur tous les tréteaux communaux d'Alsace (sans la Lorraine...), les positionnements collectifs ou personnels voire particularistes se multiplient tous azimuts.
La rubrique ad hoc (Conseil d'Alsace) du présent blog en a d'ores et déjà répercuté l'un ou l'autre et compte bien s'enrichir au fil des semaines à venir de l'expression d'opinions géopolitiquement variables et variées à souhait (au diable la monotonie !).
A l'image de l'article ci-dessous, rédigé par le journaliste strasbourgeois José Meidinger et publié en avant-première sur S'Molshemer blog (avec l'aimable autorisation de l'auteur), avant sa mise en ligne sur le turbulent site "Boulevard Voltaire, le cercle des empêcheurs de penser en rond".
Un "papier" (numérique) volontiers iconoclaste et quelque part provocateur, dont il n'est surtout pas interdit de débattre (les commentaires sont ouverts en bas de page).
Lecture (dans le calme et la sérénité) :
Vous n'aurez pas l'Alsace ! (quant à la Lorraine, on verra...) "Pour les vigiles intransigeants de la République une et indivisible, mes provinciales contributions voltairiennes ne seraient pas dénuées d'arrière-pensées sécessionnistes, elles auraient même des relents d'autonomisme..Une suspicion qui ne me déplaît qu'à moitié: à force d'être sur la sellette, entre la France et l'Allemagne, "l'Alsace a ceci de commun avec les cabinets, c'est qu'elle est toujours occupée'', une hygiène de vie pour le moins inconfortable,si l'on en croit Tomi Ungerer...Plus sérieusement, les choses bougent et s'accélèrent, du côté de la ligne bleue des Vosges. L’Alsace (prononcez [al.zas] ; s' Elsass en alsacien) a les mêmes démangeaisons émancipatrices que l’Écosse, la Catalogne ou la Wallonie. Comme ses grandes sœurs européennes, ça la chatouille même sérieusement sous sa coiffe aux grands nœuds noirs. Après avoir changé cinq fois de nationalité, elle s'imagine volontiers autonome voire indépendante, pourquoi pas ? Même si l'Alsace est l'une des plus petites régions de France, il y a nettement plus petit qu'elle en Europe. Après tout, le Luxembourg est un nain à côté de l'Alsace, 2586 km2 contre 8280km2, un peu moins de 500000 habitants contre 1 800 000 pour l'Alsace. Quand on creuse un peu, l'Histoire vient conforter la géographie: l'Alsace s'enorgueillit d'avoir été longtemps une terre libre, indépendante, jusqu’à son annexion par Louis XIV en 1648. En ces temps bénits d'avant le Roi Soleil, Strasbourg comme Mulhouse,villes libres, levaient armée, battaient monnaie. Gutenberg y inventa l'imprimerie, Calvin y trouva refuge. Erasme, lors de son séjour à Strasbourg en 1514 , y découvrit même la cité idéale dont il avait toujours rêvé, avec un gouvernement "sans despotisme, une aristocratie sans factions, une démocratie sans désordres, une richesse sans luxe, un bonheur sans arrogance. Oh, divin Platon, ici, en effet, il aurait été possible d'introduire ton État idéal"... Cet État idéal déconstruit après 1648 par Vauban et ses troupes, salué plus tard par Voltaire comme une ''terre qui est dans la France et n'est pas terre de France", connut au fil de l'Histoire des fortunes diverses, à chaque aller-retour entre Vosges et Forêt-Noire. Aujourd'hui, l'Alsace tricolore mais réaliste lorgne sans complexe de l'autre côté du Rhin. Mais que l'on ne s'y trompe pas : les Alsaciens ne sont pas nostalgiques pour autant d'un quelconque retour chez leurs cousins germains. Néanmoins, quand ils font la comparaison avec leurs voisins et leur ''made in Germany'', les Alsaciens constatent, incrédules, que "chez eux, ça marche", l’économie redémarre, le chômage recule, alors que dans la Françalsace, tout paraît compliqué, figé, fossilisé et ''rien ne marche''... Autant dire qu'ils en ont gros sur la kartoffel (d'Grummbeera en alsacien) et que ça détricote grave au pays de la choucroute, où la moutarde monte au nez. ''C'est français!'' fulmine-t-on volontiers dans les winstubs, en se gaussant des "Français de l’intérieur", ces "Haase" qui en 1940 ont détalé comme des "Lapins" devant les Allemands, les livrant à l'annexion nazie. La France est en faillite, ça sent le Sapin..."C'est une image..." d’Épinal sans doute, rétorque sans rire Moscovici. Alors, devant une telle cacophonie, quoi de plus étonnant que l'Alsace souhaite enfin reprendre en mains son destin, agir comme elle l'entend, charbonnier maître chez elle, en quelque sorte. En clair, l'Alsace qui a toujours fait sécession politiquement, en votant invariablement à droite depuis 1945, entend renforcer les moyens de son autogestion, de son autonomie institutionnelle. Et elle compte bien s'en donner les moyens en fusionnant dans une même collectivité, le conseil régional d'Alsace et les conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Une institution unique, un Conseil d'Alsace pour être plus efficace et plus performant en France et en Europe, un mariage pour tous les Alsaciens en quelque sorte ! Ce futur Parlement d'Alsace - c'est une première en France - aura l'onction du suffrage universel : le dimanche 7 avril, les électeurs alsaciens par référendum seront appelés aux urnes pour répondre à cette question : "Approuvez-vous le projet de création d'une collectivité territoriale d'Alsace ?". Autrement dit : êtes-vous d'accord avec la fusion des deux conseils généraux et du conseil régional en une seule entité. Pas plus, pas moins ! Les socialistes jacobins hurlent au déni constitutionnel et cherchent à faire diversion, pitoyable réplique de midinette outragée face à une démarche institutionnelle majeure qui laisse la gauche au bord du chemin. Faute de l'avoir dans les urnes, les socialistes jacobins n'auront pas l'Alsace à l'intimidation, comme en 1918. L’Alsace émancipée, à coup sûr ils ne l'auront pas, sinon dans les burnes... Quant à la Lorraine, on verra..." José Meidinger |
Voilà, c'est dit et même écrit, par un empêcheur de penser en rond. "Carré" en l'occurrence... (-_-)
-> Cela étant, la parole est à vous, ci-dessous (plot "Rédiger un commentaire")...