Les députés, tous des glandeurs ?

A vrai dire, une petite dizaine seulement des 577 députés dont "l'activité réelle" vient de faire l'objet d'un rapport circonstancié et fort documenté, publié fin mars par le Projet Arcadie, plateforme d'information sur l'activité des parlementaires.

Jusqu'ici quelque peu estompée par les ébats du Grand Débat et autres "actes" plus ou moins agités des Gilets jaunes, cette enquête immergée dans les couloirs et autres appendices du palais Bourbon vaut pourtant le détour en sa qualité de contre-attaque à rebours des clichés ("tous pourris", "payés à ne rien faire"...) alimentant l'anti-parlementarisme ambiant : « Un hémicycle vide, cela ne va pas dire que les députés sont payés à ne rien faire. Si les députés ne sont pas en séance, ils ne sont pas pour autant au café ou au lit », expliquent Tris Acatrinei et Nicolas Quénel, coauteurs de cette enquête.

Selon les témoignages recueillis auprès des députés (une centaine) qui ont accepté de s'exprimer, le travail législatif occupe les parlementaires entre 50 à 100 heures hebdomadaires, tant dans la "vitrine" (ou "théâtre") de l'hémicycle qu'au sein (surtout) des commissions permanentes, réunions de groupe, commissions spéciales et d'enquête ou encore groupes d'études. Sans oublier, bien sûr, le travail de terrain dans les circonscriptions.

Bref les députés, dans leur immense majorité, ne sont pas du genre à mégoter sur leur temps de présence.

A noter en contrepoint que pour paraître actifs en termes statistiques, certains parlementaires « réalisent la performance d'être présents à 4 commissions le même jour à la même heure » en signant des feuilles de présence « sans même rentrer dans la salle »…

Idem itou pour les amendements « fantômes » produits à la chaîne pour donner une apparence d'intense activité. Le rapport pointe ainsi tel député LR « surnommé Amendator par ses camarades » parce qu'il dépose à la pelle une multitude d'amendements passe-partout pour être bien classé. D'autres élus copient-collent des amendements déjà déposés ou reprennent tels quels des textes rédigés par des lobbies.

Au bout du compte, sur près de 81.000 amendements déposés à ce jour, seuls 15% ont été adoptés ; 15% sont indiqués comme « non renseignés » et 18% « non soutenus ».

Tout ça pour ça... De quoi en effet lasser à la longue voire décourager certains parlementaires, tentés à terme de (re)briguer des mandats locaux pour renouer à plein-temps avec leur terre élective originelle… et sauvegarder leur vie privée.

Un rapport à parcourir avec profit -> ici… (présentation et téléchargement du rapport).

FRAP - Dessinateur pour Presse-Océan + autres publications