Ça n'a rien d'un scoop, dans la forme tout au moins. Mais concernant le fond, c'est une autre paire de manches (de pioches) : on savait en effet depuis peu que la réalisation du prédateur Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO) avait été confiée au forceps, sous haute pression parisienne et molle résistance alsacienne, au groupe-pieuvre multinational Vinci.
Et ce pour une éternité de 55 ans.
Les médias locaux s'en étaient largement faits l'écho, en temps et en heure, mais sans pour autant s'aventurer trop avant dans l'arrière boutique frico-politicienne de ce (trop ?) sensible dossier.
Et c'est in fine un site web franco-français de l'intérieur (Capital.fr) qui se sera chargé, dans un article (*) daté du 20 février dernier, de la salutaire édification des masses populaires en dévoilant sans fard les troubles circonstances de cet étrange processus.
Un descriptif brut de décoffrage difficile à gober en l'état, certes, et davantage encore à digérer mais non démenti à ce jour...
-> Jugez plutôt (extraits) :
[…] « Jusqu’à mi-janvier, deux candidats restaient en lice pour l’appel d’offre de la concession de cette liaison autoroutière à péage de 24 kilomètres : la Sanef (société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France), contrôlée par le groupe espagnol Abertis, et Vinci. Or curieusement, c’est le projet le plus coûteux, celui du groupe Vinci, qui a été retenu.
Selon nos informations, Nathalie Kosciusco-Morizet en aurait avalé son chapeau. La ministre de l’Ecologie et des Transports plaidait en effet au début de l’année pour le tracé le plus économe et le moins impactant en matière d’environnement. Mais l’Elysée et Matignon lui ont vite fait savoir que ce serait Vinci, et lui seul, qui serait proposé par les pouvoirs publics. » […]
Un véritable oukaze, validé dans la foulée en séance plénière du Conseil régional d’Alsace, et d'autant plus décoiffant que « le coût du projet Sanef était inférieur de 100 millions d’euros à celui de Vinci (environ 400 millions contre 500), les subventions publiques demandées par le concessionnaire étaient moins élevées (20 millions d’euros contre 33 millions), ainsi que les tarifs de péages proposés. » […]
Sans parler de « l'emprise territoriale supérieure de 100 hectares à celle de son concurrent. »
Estocade finale : « En toute logique, la Sanef évincée devrait saisir le Conseil d’Etat. Or, selon nos informations, elle n’en fera rien. Pour comprendre cette bizarrerie, il ne faut pas aller chercher très loin. En décembre 2011, l’essayiste Alain Minc a été opportunément nommé président de la Sanef. Rappelons qu’il a longtemps été administrateur et conseiller du groupe Vinci. »
C'est ce qui s'appelle, en somme, une autoroute bien "bétonnée"...
Vivement l'Ochterputz du 6 mai à venir, sans doute trop tardif concernant le dossier GCO, mais utilement préventif (voire curatif) pour quelques autres.
(*) -> Lire l'intégralité de l'article...