"Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça" affirmait Michel Colucci, dit Coluche dans son sketch "Le chômeur".
Abondant dans son sens, le site web Hérodote.net, spécialisé dans l'injection online de documents d'Histoire, surenchérit ce constat mémoriel en situant l'amorce de nos soucis financiers dès le... XIIIe siècle (Saint Louis) !
Et en en égrenant, sous la plume de Max Fourny, le déroulement historique au fil d'un travelling arrière fort documenté, intitulé : "Comment les rois de France" (et leurs successeurs, ndlr) réglaient leurs dettes".
Introduction : "Depuis Saint Louis, les finances de la France ont l’habitude d’être dans le rouge… Et pour rétablir l’équilibre des comptes, chaque roi a sa recette miracle. Emprunt, impôts, spoliation, faillite, tout est bon pour remplir les caisses. Instructif, mais pas forcément transposable !"
Certes, mais en tous les cas étrangement prémonitoire et s'inscrivant globalement en prémice des turbulences qui secouent ce début de deuxième décennie du XXIe siècle.
Survol ultra-synthétique, en un vertigineux raccourci * :
- Aux premiers temps, pas d’impôts ni de taxes.
"...si ce n’est des contributions exceptionnelles que l’on réclame aux bourgeois ou à l’Église en faisant valoir l’urgence du moment et l’intérêt général."
- Des guerres dispendieuses.
Le Trésor part en quenouille au XIIIe siècle suite aux ruineuses croisades engagées en Terre Sainte, et plus tard à la guerre de Cent ans, source de l'établissement du premier impôt permanent. "La boulimie fiscale ne va désormais plus avoir de limite, en lien avec la croissance de l’État et de ses attributions."
- Haro sur la dette.
"Leurs dépenses croissant souvent plus vite que les recettes, les rois remédient au déficit de différentes manières" :
Solution 1 : augmenter les impôts.
Solution 2 : écorner la monnaie.
Solution 3 : rançonner les banquiers.
Solution 4 : faire un «beau» mariage.
Solution 5 : se déclarer en défaut de paiement.
Solution 6 : fabriquer de la monnaie.
Solution 7 : spolier les possédants.
- La dette, plus actuelle que jamais.
Après la chute de l'Empire, en 1815 et la révolution industrielle "tout se gâte avec la Grande Guerre de 1914-1918", coûteuse en ressources humaines mais aussi financières. Et source d'endettement massif et de déficits budgétaires en cascade, avec leurs classiques conséquences : impôts nouveaux, inflation rampante, dévaluation, émission de monnaie papier, nationalisation du secteur bancaire…
- Rigueur budgétaire contre instabilité monétaire.
Au fil des ans, budgets et balances commerciales sont spasmodiquement chahutés : dévaluation, crise boursière et déflation se succèdent jusqu'à l'embellie des «Trente Glorieuses», précédant le retour des déficits chroniques dans les années 1970, et l'endettement exponentiel de l'Etat jusqu'à nos jours...
* Narration détaillée de cette saga multiséculaire : article intégral.