Le "Chournal" en uniforme ?

Je ne veux voir qu'une seule tête plume ou clavier, les yeux, les oreilles et la souris numérique dans le sens de la marche, collectivement cadencée !

A en croire un récent communiqué du Comité de Défense des Journalistes (SNJ), c'est peu ou prou ce qui guetterait les Dernières Nouvelles d'Alsace ainsi que l'ensemble des titres de la presse de l'Est de la France, enrégimentés et mis en coupe éditoriale réglée sous la férule du Crédit Mutuel. La raie bien au milieu et le petit doigt sur la couture de leur très adjudantesque mutualiste pantalon.

Selon le SNJ en effet, le Crédit Mutuel - "La Banque à qui parler" (!) - n'aurait pas "abandonné son idée" de regrouper manu militari (rassemblement !) "l’ensemble des titres du groupe de presse dont il est actionnaire" dans une seule et unique caserne agence de presse. Et d'y uniformiser à terme tous les canards concernés en flinguant notamment les services d’informations générales spécifiques, touchés-coulés dans le moule normalisateur "d’un bureau commun" à Paris (France de l'intérieur).

Y serait claquemuré, sous prétexte d'Association des Journaux de l’Est, un "pool" (chambrée) de journalistes arrachés à leur matrice nourricière (titre d'origine). Foulant ainsi au pied, chaussé BMJA (Brodequin de Marche à Jambières Attenantes, ou Rangers) "l’indépendance rédactionnelle, le pluralisme et la crédibilité vis-à-vis des confrères" et des lecteurs qui n'ont pas encore déserté.

Au coin des popotes rédactionnelles, la pensée unique menacerait donc, faisant fi des sensibilités locales noyées à terme dans un treillis logistique désormais commun et cousu main, tuant dans l'oeuf tout "esprit d'initiative". D'où, soit-dit en passant, l'entrée en résistance ces derniers mois de 55 journalistes ex-DNA, réfugiés (droit de retrait -et de retraite- oblige) sous des cieux journalistiquement moins martiaux.

Le SNJ cite à l'appui de la menace précitée, l'exemple récent de l'interview "exclusive" du président-candidat, affleurant "spontanément" et simultanément ici et là dans les titres du groupe (cf DNA), parfois toutes "signatures" gommées (Est Républicain / Républicain Lorrain) au mépris des droits d'auteur et de la déontologie (marqueur sarkozyste ?).

Craignant "qu'à force de céder du terrain sur le champ de l’information, on finira par vendre notre âme à tous", le SNJ appelle les journalistes à la vigilance (tour de garde), à "rester mobilisés pour que chaque titre conserve son identité rédactionnelle" et à contribuer ainsi à la sauvegarde de la citadelle en péril (emplois et métiers concernés).

Quant aux lecteurs et abonnés, pas sûr qu'ils se contenteraient indéfiniment du rôle de "spectateurs" abusés. Ni de contempler béatement, chaque matin que Michel Lucas* Dieu fait, le lever des couleurs chartées du CM dans la cour de la Nuée Bleue.  
A l'heure du "tout-internet" et de l'info diversifiée en ligne, ceux-ci pourraient bien, à la longue, céder à l'appel de sirènes médiatiques plus affranchies. Et faire le mur, sans permission ni promesse de retour...

-> En savoir plus : "Non au journal unique du Crédit Mutuel !" 
* Bonus : "Quand Michel Lucas refait l'histoire"

---