"Une tâche sur le système allemand (KL) – Depuis longtemps, l’Europe regarde avec de grands yeux les chiffres du marché de l’emploi allemand. Avec un taux de chômage qui se situe largement en dessous des chiffres des partenaires européens, l’Allemagne fait figure de « premier de la classe » en matière d’emploi. Pourtant, le système ne fonctionne que parce qu’il laisse les plus faibles et les plus démunis en rade. Du moins, c’est ce qu’une enquête de la Cour des Comptes allemande a relevé. Lors de cette enquête, la Cour des Comptes avait regardé de près sept agences pour l’emploi ainsi que sept directions régionales pour trouver partout les mêmes problèmes – les Agences pour l’Emploi allemandes s’occupent surtout des chercheurs d’emploi ayant les meilleures chances sur le marché de l’emploi – les autres chercheurs d’emploi dits «difficiles à placer» sont souvent laissés pour compte. La raison de cet état des choses est purement administrative, explique le rapport. Car chaque agence pour l’emploi doit remplir des objectifs en termes du nombre de chercheurs d’emploi placés. Dans le monde administratif, il s’agit d’un jeu de chiffres sans tenir compte de la situation de la «clientèle». Car les collaborateurs des agences marquent des points dans leur propre évaluation pour chaque placement, tandis que l’entretien avec un chercheur d’emploi «difficile», par exemple en vue d’une mesure de qualification, ne compte qu’en cas de placement après. Sinon, cet entretien est considéré comme une perte de temps. Et le conseiller à l’agence ne marque pas de points. Le prix que paye l’Allemagne pour sa relative réussite par temps de crise, est élevé. Ce sont les plus faibles de la société qui en font les frais, car il tombent à travers le filet social de la société. Pourtant, la logique voudrait que ceux qui en ont le plus besoin, reçoivent le maximum de soutien. Mais dans un monde dirigé par les statistiques, on préfère aider ceux qui à la limite, pourraient aussi se débrouiller sans aide. Au détriment de ceux qui en ont réellement besoin. Est-ce que ce système social allemand peut servir comme modèle européen de relance ? Certainement pas, car le sacrifice des acquis sociaux, comme on l’observe dans les pays du sud de l’Europe, crée les fondements pour toute sorte d’extrémisme politique. La paupérisation des sociétés européennes constitue, comme c’était souvent le cas dans l’histoire, la base pour les catastrophes qui arriveront dans 10, 15 ou 20 ans. Bien sûr, ce froid social qui exclut de plus en plus de citoyens et citoyennes de la vie en société, permet chaque mois la publication de chiffres qui suscitent la stupeur. Comment fait l’Allemagne pour présenter, en plein phase de crise, de tels chiffres ? La réponse en est simple – en sacrifiant les plus faibles de la société. Pourtant, la qualité d’une démocratie se manifeste dans le traitement de ses éléments les plus faibles. Mais ceux-ci n’ont malheureusement pas de lobby puissant." |